Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/159

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aimes, il apprendra peu à peu à subir le joug : le temps rend le lion docile à l'homme ; avec le temps l'eau creuse la pierre ; l'année, dans sa marche, mûrit les raisins sur les coteaux échauffés par le soleil, et ramène à époque fixe de brillantes constellations. Et n'épargne point les serments : l'Aquilon emporte les vains parjures de Vénus à travers les terres et les mers. Mille grâces soient rendues à Jupiter ! Jupiter lui-même a refusé toute valeur aux serments insensés d'un amour impatient. Diane te permettra de jurer impunément par ses flèches, Minerve par sa chevelure.

Mais tout retard serait une faute ; la jeunesse passera. Et avec quelle rapidité ! le temps, infatigable, ne s'arrête jamais, et ne revient point sur ses pas. Que la terre a bientôt perdu ses brillantes couleurs, le haut peuplier son beau feuillage ! comme il gît abattu, quand est venue l'époque fatale de la vieillesse débile, le coursier sorti vainqueur de la carrière olympique ! J'ai vu déjà, moi, plus d'un infortuné, accablé sous le poids de l'âge, gémir d'avoir dans une folle indifférence perdu ses beaux jours. Dieux cruels ! le serpent se renouvelle ; il se dépouille de ses années, et le destin n'accorde point à la beauté un instant de délai. Seuls, Phébus et Bacchus jouissent d'une éternelle jeunesse. Une longue chevelure leur sied à tous deux.