Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/156

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ni les armées, ni la guerre ; l'art funeste d'un cruel forgeron n'avait pas inventé le glaive.

Aujourd'hui, sous l'empire de Jupiter, toujours les meurtres, toujours les blessures et la mer, mille routes conduisent en un moment à la mort. Epargne-moi, père des dieux ! ma conscience craintive ne redoute pas la peine d'un parjure ou de quelque parole outrageante pour la majesté des dieux. Mais si j'ai rempli le nombre d'années que m'accordaient les destins, que l'on grave ces mots sur la pierre qui couvrira mes restes :

ICI REPOSE TIBULLE ENLEVE PAR UNE MORT CRUELLE, TANDIS QU'IL SUIVAIT MESSALA SUR TERRE ET SUR MER. Mais, comme je me suis toujours montré docile aux tendres leçons de l'Amour, Vénus elle-même me conduira aux Champs Elyséens. Là ce ne sont que danses et chansons ; répandus de tous côtés les oiseaux font retentir les airs des accords de leurs flexibles gosiers. Une moisson de plantes odoriférantes y croît sans culture, les campagnes tout entières y brillent de l'éclat des roses embaumées que la terre y donne avec complaisance. Un essaim de jeunes garçons et de jeunes filles s'y livre à de tendres jeux, et l'Amour y engage de continuels combats. C'est là le séjour des amants que l'avide mort a surpris, on les reconnaît à la couronne de myrte qui pare leurs têtes.