Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/155

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sans tache. Que m'en revient-il ? Maintenant, déesse, maintenant viens à mon secours : car tu peux me guérir ; les nombreux tableaux suspendus dans tes temples en sont la preuve. Délie acquittant son voeu ira s'asseoir vêtue de lin devant ta porte sacrée ; et, deux fois le jour, les cheveux épars, elle chantera tes louanges, attirant tous les regards au milieu de la foule de tes adorateurs.

Ah ! puissé-je encore offrir mon hommage aux Pénates de mes pères, et chaque mois payer le tribut de mon encens à mes Lares antiques !

Que l'homme était heureux sous le règne de Saturne, avant que la terre fût ouverte en longues routes ! Le pin n'avait point encore bravé l'onde azurée, ni livré une voile déployée au souffle des vents. Dans ses courses vagabondes, cherchant la richesse sur des plages inconnues, le nautonier n'avait point encore fait gémir ses vaisseaux sous le poids des marchandises étrangères. Dans cet âge heureux, le robuste taureau ne portait point le joug ; le coursier ne mordait point le frein d'une bouche domptée ; les maisons étaient sans porte ; une pierre fixée dans les champs ne marquait point la limite certaine des héritages ; les chênes eux-mêmes donnaient du miel ; les brebis venaient offrir leurs mamelles pleines de lait aux bergers sans inquiétude. On ne connaissait ni la colère,