Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/150

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à la dérobée d'une couche moelleuse et à poser le pied sans bruit : c'est elle enfin qui montre à faire en présence d'un époux des gestes qui parlent, et à cacher de douces paroles sous des signes convenus. Mais ces secrets, elle ne les enseigne point à tous ; elle ne les révèle qu'à ceux que n'appesantit point la paresse, et que la crainte n'empêche point de se lever dans l'obscurité de la nuit. Moi, lorsque je cours dans les ténèbres par toute la ville, l'esprit agité, Vénus elle-même me donne de l'assurance dans les ténèbres ; elle ne permet point que je rencontre un assassin qui me frappe de son poignard, un voleur qui s'enrichisse du prix de mes vêtements enlevés. Celui que l'amour tient sous ses lois peut aller partout sans crainte, sa personne est sacrée, il ne doit pas redouter les embûches. Je ne souffre, moi, ni du froid paresseux d'une nuit d'hiver, ni de la pluie qui tombe par torrents. Ces peines ne me causent nul ennui, pourvu que Délie m'ouvre sa porte et que sans rien dire elle m'appelle au bruit de ses doigts. Fermez les yeux, vous tous qui vous trouvez sur mon passage, hommes ou femmes ; les larcins de l'amour doivent rester cachés, Vénus le veut. Gardez-vous de m'effrayer par le bruit de vos pas, de chercher mon nom, d'approcher de mon visage vos torches brillantes. Et même si quelqu'un m'aperçoit sans