Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous, loups et voleurs, épargnez mon petit bercail ; c'est à un grand troupeau qu'il faut demander votre proie.

Ici j'ai coutume de purifier chaque année mon berger, et d'arroser de lait l'indulgente Palès. Dieux ! soyez-moi propices. Ne dédaignez point les dons d'une table pauvre, offerts dans des vases d'argile, mais purs. C'est d'argile que l'antique laboureur fit ses premières coupes : il les forma d'une terre docile. Je ne regrette, moi, ni les richesses de mes pères, ni le produit des moissons que jadis mes aïeux renfermaient dans leurs greniers. Pour moi c'est assez d'une petite récolte ; c'est assez d'un lit pour goûter le repos, si les dieux me le permettent, et de ma couche ordinaire pour délasser mes membres. Quel plaisir d'entendre de son lit le souffle des vents furieux, et d'y presser tendrement sa maîtresse contre son sein ! ou, quand le vent de l'hiver verse une eau glacée, de s'endormir exempt de crainte au bruit de la pluie ! Puisse ce bonheur être le mien ! Qu'il garde ses richesses trop chèrement achetées, celui qui peut supporter les fureurs de la mer et les orages.

Ah ! périsse tout ce qu'il y a d'or et d'émeraudes, avant que mon absence fasse couler les larmes d'une jeune fille ! C'est à vous, Messala, de combattre sur terre et sur mer pour étaler dans vos palais les dépouilles des ennemis. Moi, je suis retenu