Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/146

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souche isolée dans la campagne, ou une pierre antique au milieu d'un carrefour, s'offre à ma vue, parée de guirlandes de fleurs, et tous les fruits que me donne l'année nouvelle, j'en dépose les prémices aux pieds du dieu des laboureurs. Blonde Cérès, tu auras une couronne d'épis cueillis dans mon champ ; je la suspendrai aux portes de ton temple. Rougi de vermillon, que Priape placé dans mes vergers en soit le gardien et effraye les oiseaux avec sa faux redoutable. Vous aussi, Lares, qui veillez sur un héritage aussi pauvre aujourd'hui qu'il était riche autrefois, vous recevez les présents qui vous sont dus. Alors une génisse immolée purifiait d'innombrables taureaux : maintenant pour un étroit domaine une brebis est une victime d'un grand prix. Une brebis tombera donc en votre honneur, et autour d'elle une jeunesse rustique s'écriera : Dieux ! donnez-nous de riches moissons et de bons vins ! Je puis enfin, naguère il n'en était point ainsi, je puis, content de peu, renoncer à de continuels et lointains voyages, et chercher un abri contre les feux de la Canicule à l'ombre d'un arbre, sur les bords d'une onde fugitive. Cependant je ne rougirai pas de tenir quelquefois le hoyau, ou, l'aiguillon en main, de gourmander un boeuf tardif. Je ne craindrai pas de prendre dans mes bras et de reporter à la maison une brebis ou le chevreau que sa mère aura, par oubli, laissé derrière elle. Et