Page:Œuvres de C. Tillier - IV.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

charité d’église qui fait retentir son décime dans la sébile du fabricien, et lui fait la révérence ; nous, nous aimons mieux celle douce charité qui glisse une pièce d’argent dans la main du pauvre, et s’éloigne les larmes aux yeux. Je sais qu’il fut un temps où bâtir des monastères et engraisser des moines était une bonne œuvre, et il ne tient pas à vous que ce temps ne revienne ; mais Jésus-Christ ne nous recommande point de faire l’aumône aux prêtres, et, dans son Evangile, il nous recommande, avec une sollicitude toute paternelle, de la faire aux pauvres ; il va même jusqu’à dire que les pauvres sont ses membres. Je sais bien que l’Eglise s’attribue le titre d’épouse de Jésus-Christ ; mais, enfin, l’époux lient plus à ses membres qu’à son épouse, et je sais bien, moi, que si j’avais un membre souffrant et mordu sans cesse par un implacable rhumatisme, je saurais bien plus de gré à celui qui mettrait dessus un salutaire emplâtre, qu’à l’homme qui ferait cadeau d’une belle robe à mon épouse.

Mais, vos établissements diocésains, quels sont-ils ? Vous auriez dû nous décliner leurs noms dans votre mandement ; car, pour savoir s’ils méritent notre intérêt, il faudrait que nous eussions l’honneur de les connaître. Mais ne voilà-t-il pas ce grand serin de grand séminaire qui vient, tenant son petit frère de Corbigny par la main, nous tendre son tricorne. Je veux dire un mot à ces deux personnages. Or ça, mes frères, que nous demandez-vous ? Il me semble que sous le règne de M. Naudot ce n’était pas à vous qu’on était obligé de payer le droit de ne pas maigrir en carême. Quel accident vous est-il donc survenu qui vous oblige à agrandir votre besace ? Avez-vous été brûlés ? avez-vous été inondés ? êtes-vous les victimes d’un tremblement de terre ? Enfin, racontez-nous vos misères. Pour moi, j’ai beau vous examiner de votre rabat à la semelle de vos souliers, je ne vois rien chez vous qui annonce la détresse. Votre habit n’est pas élégant, mais il est du drap dont s’habillent les gens comme il faut. Votre table n’est pas délicatement servie, mais vous avez cette nourriture saine et