Le mémoire des dépenses de l’État que vous appelez budget, ressemble presque, d’un bout à l’autre, à celui-ci, et cependant vous l’admettez. Non, nos intérêts ne sont point représentés ! la France, que nous aimons comme une mère, ne nous aime pas comme ses enfants. Nous lui donnons notre argent pour qu’elle se fasse administrer avec sagesse et intelligence ; nous lui donnons notre travail pour qu’elle se pare de monuments et soit la plus belle des nations de la terre ; nous lui donnons nos fils pour lui conquérir des provinces, et lui mettre au front encore quelques rayons de gloire ; et nous, tout ce qu’elle nous donne, c’est une place à son soleil, de l’eau à ses douves, tant que nous en voulons boire, et entre vos tombes de pierre un peu de gazon pour nous couvrir !
Mais, pardon. Monseigneur, je ne voulais que causer avec vous, et voilà que je déclame, que je me fais tribune, enfin que je vous ennuie. Pour m’affliger la loi du talion, je me condamne à aller vous entendre à votre première séance législative.