Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

canaille, aux têtes nues des prolétaires, des gens de rien, du peuple enfin. C’est là, du reste, soit dit en passant, un signe certain d’avènement, d’élévation, une grande preuve que le peuple monte ; car ces manifestations puissantes de la pensée, ces incarnations de son verbe, ces représentations sublimes de son intelligence précèdent et prédisent toujours son ascension dans le monde, son émancipation et son influence politique. Elles prouvent que cette classe est digne de son droit quand elle en est capable ; qu’elle peut avoir son gouvernement, quand elle a sa littérature ; qu’elle doit avoir ses hommes d’état après ses philosophes, son action après sa pensée. Le peuple ne s’éclaire pas pour rien : s’éclairer, c’est s’affranchir. Quand on comprend ses droits, on les veut, et quand on les veut, on les a. Or, le progrès intellectuel des classes inférieures est aujourd’hui incontestable. Le peuple a maintenant des journaux, des livres faits par lui et pour lui ; il a des écrivains de tout genre, prosateurs et poètes. Le peuple peut dire à son tour : Malheur à celui qui a des yeux pour ne pas me voir et des oreilles pour ne pas m’entendre ! Il a enfin raison d’être, parce qu’il sait, et de vouloir, parce qu’il peut. Une classe qui a produit, entre tant d’autres, le poète Hégésippe Moreau et le prosateur Claude Tillier, est depuis longtemps majeure et n’a plus besoin de tutelle : elle mérite depuis long-temps