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L’artifice et le goût de son devancier, il en a la verve et l’entrain, l’intensité et l’abondance, l’énergie et l’ampleur, et bien que chez lui la force n’exclue pas la grâce, la raison la poésie, l’ironie la sensibilité, ce qu’on a vu ; bien qu’il ne manque, quand il veut, ni de charme, ni de science, ni d’art ; bien que l’éducation, le travail et l’étude aient amendé, cultivé, raffiné aussi cette nature brute, pourtant c’est toujours un enfant du peuple, élevé dans un collège il est vrai, mais enfin un enfant du peuple, un rejeton d’ouvrier, un sauvageon du Morvand, un esprit neuf, naïf, original, cultivé d’hier, où dominent l’exubérance et la fougue, et l’élan et l’ardeur. C’est la spontanéité et la fécondité d’une souche franche, d’un plant vierge où poussent à la fois les feuilles et les fleurs, les végétations de luxe et de fruit. Il vaut surtout par je ne sais quoi d’imprévu et d’inconnu, d’âpre et de rustique, de vert et de vif, de primitif, enfin, et de virtuel, comme la foule dont il sort ; il est éclatant de sève et de vie, plein d’essor et de montant ; c’est le peuple, le peuple à tous jets, avec tous ses défauts et ses qualités, rude comme le chêne et fort comme lui !

C’est encore par la citation que nous connaîtrons mieux l’homme de lettres aussi ; oui, nous connaîtrons encore mieux l’auteur comme l’homme, peint par lui-même. « Que m’importe, dit-il quelque part,