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mort qu’il attend, dans tous ces extraits autochtones, dans toutes ces preuves écrites, dans tous ces témoignages signés de son génie comme de son nom, dans cette infaillible mission. Oh ! maintenant, maintenant nous le connaissons bien.

Et maintenant que je connais l’homme, je peux juger l’écrivain : ma tache devient facile ; l’écrivain m’a appris l’homme, et vice versa, l’homme m’apprend l’écrivain. Je trouve là un esprit complet, entier, à la fois puissant par la forme et par le fond, philosophe et artiste, penseur et poète, ni trop idéaliste comme l’allemand, ni trop réaliste comme l’italien, ayant bien le génie de notre nation, le bon sens, cet équilibre parfait du spirituel et du matériel, un véritable écrivain du dix-huitième siècle, un écrivain vraiment français, qui devait naître, comme il est né, au centre même de la France ; car, si l’homme c’est le style, on peut dire aussi que la terre c’est l’homme. Telle patrie, tel génie ; tel pays, tel auteur. Le génie est comme le vin, il a une saveur particulière à son crû, un goût sui generis, qu’il doit au sol natal, au terroir. Or, Claude Tillier est né à Clamecy, au milieu de l’ancienne Gaule, auprès de la Loire, non loin de cette zone centrale qui semble être dans la terre française la patrie spéciale du sens commun, qui est comme la ligne de démarcation du pays des troubadours et de celui des trouvères, qui a produit tant de prosateur^