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a mené Dupoty au Mont-Saint-Michel, verra-t-on toujours quelqu’un qui passe ? liberté ! si c’est toi qui règnes ici, jette ta coiffure phrygienne et prends le bonnet d’un monarque ; car tu n’es que la tyrannie exercée par trois cent mille maîtres sur des millions d’esclaves ! Déesse perfide ! nous le voyons bien maintenant, tu n’es funeste qu’à ceux qui te rendent un culte sincère. Tu ressembles à ces féroces idoles de l’Inde qui veulent que leur autel trempe dans le sang de leurs adorateurs. Qu’as-tu fait de Jésus-Christ ? Qu’as-tu fait des Gracques ? Qu’as-tu fait de la Convention ? Qu’as-tu fait de la Montagne ?.... Qu’as-tu fait de tant d’autres qui sont morts en te servant ? Ton temple n’a donc point de porte ? ceux qui vont à toi n’arriveront donc jamais que sur le seuil, et les meilleurs tomberont donc toujours frappés sur les marches ? S’il en est ainsi, remets donc au moins dans les veines des enfants tout le sang généreux que tu as pris aux pères. Mais cela, le tribunal de Nevers ne le laissera point dire ; il prouvera à tous que ce n’est point les opinions des accusés qu’il juge ; il se fera un devoir de réparer l’erreur malheureuse de ses collègues : il absoudra M. Miot ; car je n’ai jamais vu de cause plus juste que la sienne, et c’est pourquoi je l’ai défendue. »

Ce morceau, soit dit en passant, rappelle le cri d’un autre pamphlétaire, d’un bon homme aussi, quoique pamphlétaire, de l’auteur de Robinson Crusoé, de ce pauvre Daniel Foc, qui perdit sa fortune, son honneur et ses oreilles même au métier où Tillier perdit la vie, qui fut condamné vivant au pilori, pour avoir écrit quelques vérités au clergé anglican, comme Tillier, mort, fut exclus de l’église pour en avoir écrit au clergé catholique, et qui disait de