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de M. Frebault, qui l’a conduit au cimetière, et qui a dit de lui sur sa tombe : « Il est mort pauvre comme il a vécu ; son désintéressement tenait du détachement raisonné du philosophe et de l’insouciance naturelle de l’artiste, » et qui eût pu ajouter : « et de la vertu dévouée de l’apôtre ! »

Et dire que cette vertu religieuse était presque sans espoir, que c’était l’amour du bien et du juste pour le juste et le bien lui-même ! Lisez plutôt ce morceau d’un pamphlet cité par la Réforme et écrit pour M. Miot, qui avait été assigné comme détenteur d’armes prohibées, parce qu’il avait pieusement acheté aux enchères publiques de Moulins-Engilbert, deux vieux canons que la Convention nationale avait donnés jadis à cette commune :

« Nous voyons bien, diraient les patriotes, que nous ne sommes plus sous la protection de la loi. Ce bout de manteau qu’elle étendait encore sur nos têtes, on l’on en arrache impunément. Nous sommes sans défense contre les attaques de nos ennemis. La logique n’a plus d’arguments pour nous défendre. La vérité et la raison perdent toutes leurs forces en passant par notre bouche. Nos raisonnements les plus solides, semblables à une flèche qui a perdu son dard en volant, ne pénètrent plus dans l’esprit de nos juges. Il semble qu’ils entendent tout le contraire de ce que nous leur disons, et qu’un mauvais esprit change en route nos paroles ! La justice d’aujourd’hui n’a donc plus qu’une oreille ? et comment se fait-il que nous nous trouvions toujours du côté de son glaive ? Sur ce chemin qui