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que je susse pourquoi ; je serais désolé qu’on me prit pour un homme gras, alors que je ne serais qu’hydropique. Mais, eux, ces bourgeois de M. Dupin, qui font tant les importants dans leur gros ventre, de quoi sont-ils fiers ? Ils n’en savent rien, et ceux qui descendent bien bas leur chapeau devant eux n’en savent pas davantage. Ces messieurs méprisent le peuple, et à cause de cela, ils se croient nobles ; mais ce sont des papillons

qui méprisent des chenilles

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« Et, d’ailleurs, l’homme n’est point fait que pour vivre ; il est fait aussi pour mourir. Qui de nous ne jette un regard inquiet à travers les épaisses ténèbres qui bornent l’existence, et ne cherche à deviner ce qu’il trouvera sur l’autre rivage ? Tout ce qui meurt laisse, où il a existé, quelque chose ; quand la brise haletante a expiré au milieu des cieux, les feuilles qu’elle caressait frissonnent encore ; la touffe de serpolet que le bœuf a broyée sous sa large dent, laisse quelque temps son parfum à la prairie ; quand, sous un archet brutal, la corde du violon s’est rompue, ses deux tronçons frémissants rendent encore comme un harmonieux murmure. Mais, tous ces hommes qui ont fait trafic de leur conscience, quand la dernière vibration de leur glas se sera perdue dans les airs ; quand les larmes blanches avec lesquelles on les aura pleures seront renfermées dans leur coffre ; quand les armes à feu qui auront fait le dernier salut à leur dépouille mortelle auront jeté leur fumée, que restera-t-il d’eux ? d’ignobles souvenirs, un nom dégradé, je ne sais quoi de semblable à cette puanteur qui survit à une chandelle éteinte ! le peuple qu’ils ont trahi viendra, après leurs flatteurs, cracher sur leur épitaphe. Moi, du moins, si je n’ai ni marbre, ni lettres d’or sur mon cercueil, je veux que l’humble gazon dont il sera couvert jette une bonne odeur ; et peut-être quelque ami de la liberté, amené