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et à ramener, sur sa figure d’ouragan, comme dit le feuilletonniste de l’Écho, un placide rayon de bienveillance

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« Et quand je vous dis, mes abonnés, que je ne me suis jamais offert à M. Dupin, je ne prétends tirer de cela aucun mérite. Je n’ai eu, pour conserver mon indépendance, aucune mauvaise passion à vaincre, aucun germe d’ambition à étouffer. À la vérité, je n’ai aucune antipathie contre l’argent ; je regarde même quelques écus, tintant ensemble, comme le plus bel ornement d’une poche ; mais j’ai toujours préféré une pièce de vingt sous honorablement gagnée, à une pièce d’or ramassée dans la boue. Et pourquoi me vendrais-je donc à M. Dupin ? pourquoi me vendrais-je à qui que ce soit ? J’ai de quoi satisfaire à tous mes besoins ; quel roi, quel empereur pourrait me donner davantage ? Allez demander à l’oiseau qui trouve abondamment et surabondamment sa nourriture dans la campagne, qu’il vous livre ses ailes à couper pour un sac de graines, et vous verrez ce qu’il vous répondra.

« Entre les steppes glacées de la pauvreté et ce fastidieux Éden de la richesse, où le ciel est toujours du même bleu, où la terre est toujours peinte du même vert, il est une zone tempérée où la disette et la profusion sont également absentes. Là, le sol ne donne rien à qui ne veut point le cultiver ; mais, quand on y ouvre un sillon, il y vient aussitôt de bons épis. Il y a bien, dans ce ciel inégal, des jours sombres et pluvieux ; mais, parfois, le soleil vous y sourit, entre deux nuées, d’un sourire si doux et si splendide, qu’il ferait volontiers éclore des couronnes de roses sur la tête des jeunes filles. C’est là qu’entre deux arbustes en fleurs j’ai planté mon humble tente. Je me trouve très bien dans ces lieux, et jamais l’envie ne me prendra de les quitter.

« Mes appétits sont modérés, et mon estomac est tout petit.