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laquelle rayonne la glorieuse effigie de l’empereur, je vous conseille de la prendre. »

Voulez-vous le voir voter aux élections pour connaître son opinion sur les hommes et les choses du gouvernement, quand vous avez sous les yeux cette profession de foi écrite et très explicitement écrite assurément :

« Nous sommes des soldats, pourquoi voulez-vous nous transformer en marchands ?… Avec votre système des intérêts matériels, vous donnerez peut-être à la France de la chair et du sang ; mais, l’embonpoint de la richesse, ce n’est pas la santé. Pour qu’une nation soit forte, il faut qu’elle soit maigre, et que dans ses doigts noueux elle ne tienne qu’une épée ; il ne faut pas qu’elle rêve, au bivouac, d’un comptoir laissé derrière elle. Et que ferait la France de ce ventre plein d’entrailles qu’elle porterait devant elle, quand il lui faudrait marcher au combat ? il faudrait, valétudinaire impuissante, qu’elle se fit rouler dans son fauteuil contre l’ennemi.

« Quand vous nous inoculez le virus de l’or, vous nous faites plus de mal que si vous enclouiez nos canons, que si vous brûliez nos vaisseaux, que si vous démolissiez nos places fortes. Vous assassinez la France, comme les Mexicains assassinaient les Espagnols, en lui versant de l’argent fondu dans les veines. Si ses habitants n’étaient pas des citoyens, que serait la France avec ses trente-deux millions d’habitants, à côté de l’incommensurable Russie, et que serait-elle à côté de l’Angleterre, tronc frêle, à la vérité, mais qui couvre tout l’univers de ses branches ? La France, c’est le lion qui, dans une peau étroite et sous des dimensions resserrées, fait mouvoir