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reçu ses confidences et ses soupirs, rien qu’à lire cette déclaration passionnée, délirante, une vraie déclaration d’amour, contenue tout au long dans son Cornélius :

« Ce doit être une bien belle chose que ces applaudissements qu’on entend dans la postérité, que ce lendemain tout resplendissant de soleil qu’on voit briller après le jour sombre et pluvieux de la vie ! Combien il est doux de songer qu’on a un de ces noms que les générations se transmettent l’une à l’autre pendant une longue suite de siècles, comme la sentinelle qui s’en va transmet le mot d’ordre à la sentinelle qui vient ; que le temps qui passe et qui fauche en passant les vieilles tours, qui jette à terre les châteaux, qui fait des cités des champs d’herbe, ne touche point à votre nom, qu’il ne peut en retrancher un accent, qu’il ne saurait en effacer un point sur uni ! Les insectes, de leur brin d’herbe, ont sans doute pitié de cette chenille qui trace péniblement sa raie dans la poussière ; mais, s’ils savaient qu’elle doit devenir papillon, ne lui porteraient-ils point envie ? Ceux qui vous disent que la gloire est une fumée, ne les croyez point : ils ne parlent ainsi que pour se consoler d’être obscurs. Tous les hommes ont horreur du néant ; ils ne veulent point s’éteindre comme une bougie sur laquelle on souffle ; ceux qui ne peuvent être admirés, ils veulent du moins qu’on les pleure. Depuis cet enfant qui charbonne son nom sur la muraille jusqu’à ce vieillard qui ordonne de mettre une statue sur sa tombe, tous aiment la gloire et veulent avoir leur part de renommée.

« Pour moi, si le diable me disait, pour me tenter : Tombe à genoux et adore-moi, tu auras de l’or plein tes caves, des diamants plein tes coffres, des billets de banque à faire ployer