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s’exaucer ? mais à votre santé, à vous tous, à votre prospérité, à votre bonheur, et que Dieu garde ceux d’entre vous qui ont des enfants de les perdre.

— M. Minxit, dit Guillerand, a aussi pris les choses trop à cœur ; je ne l’aurais pas cru susceptible de mourir de chagrin. Moi aussi j’ai perdu une fille, une fille que j’allais mettre en pension chez les religieuses. Cela m’a fait de la peine pour le moment ; mais je ne m’en suis pas plus mal porté pour cela, et quelquefois, je l’avoue, je songeais que je n’avais plus de mois d’école à payer pour elle.

— Une bouteille cassée dans ta cave, dit Arthus, ou un écolier retiré de ta pension t’aurait causé plus de chagrin.

— Il t’appartient bien, dit Millot, de parler ainsi, toi, Arthus, qui ne crains d’autre malheur que de perdre l’appétit.

— J’ai plus d’entrailles que toi, faiseur de noëls, répondit Arthus.

— Oui, pour digérer, dit le poète.

— Cela sert à quelque chose de bien digérer, répliqua Arthus ; au moins, quand vous allez en voiture, vos amis ne sont pas obligés de vous attacher aux ridelles de peur de vous perdre en route.

— Arthus, dit Millot, point de personnalités, je t’en prie.

— Je sais, répondit Arthus, que tu me gardes rancune parce que je suis tombé sur toi dans le chemin de Corvol. Mais chante-moi ton grand noël, et nous serons quittes.

— Et moi je soutiens que mon noël est un beau morceau de poésie ; veux-tu que je te montre une lettre de Mgr l’évêque qui m’en fait compliment ?