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— J’aime mieux vous désarmer, fit mon oncle, et, passant rapidement son épée sous celle de son adversaire, d’un tour de son vigoureux poignet il l’envoya au milieu de la haie.

— Très bien ! bravo ! s’écria le sergent, moi je ne l’aurais pas envoyée si loin. Si vous aviez seulement six mois de mes leçons, vous seriez la meilleure lame de France.

M. de Pont-Cassé voulut recommencer le combat ; comme les témoins s’y opposaient :

— Non, messieurs, dit mon oncle, la première fois ne compte pas, et il n’y a pas de partie sans revanche ; il faut que la réparation à laquelle a droit monsieur soit complète.

Les deux adversaires se remirent en garde ; mais à la première botte l’épée de M. de Pont-Cassé s’envola sur la route. Comme il courait la ramasser :

— Je vous demande bien pardon, monsieur le comte, lui dit Benjamin de sa voix sardonique, de la peine que je vous donne ; mais c’est de votre faute ; si vous aviez voulu jouer aux échecs, vous n’auriez pas eu la peine de vous déranger.

Une troisième fois le mousquetaire revint à la charge.

— Assez, s’écrièrent les témoins, vous abusez de la générosité de M. Rathery.

— Point du tout, dit mon oncle ; monsieur veut sans doute apprendre le coup : permettez que je lui en donne encore une leçon.

En effet, la leçon ne se fit pas attendre, et l’épée de M. de Pont-Cassé s’échappa pour la troisième fois de sa main.

— Au moins, dit mon oncle, vous auriez bien dû amener un domestique pour aller ramasser votre épée.

— Vous êtes le démon en personne, dit celui-ci ; j’aimerais