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— Je ne me bats ni au pistolet ni à l’épée ; je veux servir à ces spadassins un duel de mon métier ; je vous garde le plaisir de la surprise, vous verrez, monsieur Minxit.

— À la bonne heure ! répondit celui-ci ; mais apprends toujours mon coup : c’est une arme qui ne t’embarrassera pas, et l’on ne sait de quoi on peut avoir besoin.

La chambre de mon oncle était au premier étage, au-dessus de celle occupée par Machecourt. Après déjeuner donc, il s’enferma dans sa chambre avec le sergent et M. Minxit pour commencer son cours d’escrime. Mais la leçon ne fut pas de longue durée : au premier appel que fit Benjamin, le plancher vermoulu de Machecourt se creva sous ses pieds, et il passa au travers jusqu’aux aisselles.

Le sergent, ébahi de la subite disparition de son élève, resta le bras gauche moelleusement arrondi à la hauteur de l’oreille, et le bras droit tendu dans l’attitude d’un homme qui va porter une botte. Pour M. Minxit, il fut pris d’une telle envie de rire, qu’il faillit en suffoquer.

— Où est Rathery, s’écria-t-il, qu’est devenu Rathery ? sergent, qu’avez-vous fait de Rathery ?

— Je vois bien la tête de M. Rathery, répondit le sergent, mais du diable si je sais où sont ses jambes.

Gaspard était seul alors dans la chambre de son père : d’abord, il fut un peu étonné de la brusque arrivée des jambes de son oncle, que certes il n’attendait pas. Mais bientôt sa surprise se changea en fous éclats de rire qui se mêlèrent à ceux de M. Minxit.

— Ohé ! Gaspard, s’écria Benjamin qui l’entendait.

— Ohé ! mon cher oncle, répondit Gaspard.

— Traîne jusqu’ici le fauteuil de cuir de ton père et mets-le sous mes pieds, je t’en prie, Gaspard.