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et je ne vois rien qui m’empêche de faire la partie de votre ami.

— Il faut bien en passer par ce que vous exigez ; du moins, me ferez-vous la faveur de vous faire accompagner par mon second, afin de m’épargner l’ennui du rôle de spectateur.

— Pourquoi non ? je sais que vous êtes une paire d’amis, vous et M. de Pont-Cassé ; je serais fâché de vous dépareiller. J’amènerai mon barbier, s’il a le temps, et si cela vous arrange.

— Insolent ! fit le mousquetaire.

— Ce barbier, répondit mon oncle, n’est pas un homme à mépriser : il a une rapière assez longue pour mettre quatre mousquetaires à la broche, et d’ailleurs, si vous me préférez à lui, je tiendrai volontiers sa place.

— Je prends acte de vos paroles, dit le mousquetaire, et il s’éloigna.

Mon oncle, aussitôt qu’il fut levé, alla quérir l’encrier de Machecourt. Il se mit à composer, avec son plus beau style et sa bâtarde la plus nette, une magnifique épître à M. Minxit, dans laquelle il lui déduisait comme quoi il ne pouvait plus devenir son gendre. Mon grand-père, qui avait eu l’avantage de la lire, m’a affirmé qu’elle eût fait pleurer un garde-chiourme. Si le point d’exclamation n’eût pas existé alors, mon oncle l’eût certainement inventé.

Il y avait à peine un quart d’heure que la lettre était à la poste, lorsque M. Minxit en personne arriva chez ma grand’mère, accompagné du sergent, lequel était accompagné lui-même de deux masques, de deux fleurets et de son respectable caniche.

Benjamin déjeunait alors avec Machecourt d’un hareng et du vin blanc patrimonial de Choulot.

— Soyez le bienvenu, monsieur Minxit ! s’écria Benjamin, un morceau de ce poisson de mer vous agréerait-il ?