comme le juge ; qu’à travers ses petites fenêtres grillées, elle jetât comme des sinistres regards aux passants ; qu’au lieu de chants, il ne surgît de son enceinte que des bruits de chaînes ou des aboiements de molosses ; que le vieillard craignît de se reposer sous ses murs ; que l’enfant n’osât jouer sous son ombre ; que le bourgeois attardé se détournât de son chemin pour l’éviter et s’éloignât d’elle comme il s’éloigne du cimetière. Ce n’est qu’à cette condition que vous obtiendrez de la prison le résultat que vous en attendez.
Mon oncle discuterait peut-être encore si M. Minxit ne fût arrivé pour couper court à ses arguments. Le brave homme ruisselait de sueur, il humait l’air comme un marsouin échoué sur la grève et était rouge comme la trousse de mon oncle.
— Benjamin ! s’écria-t-il en s’essuyant le front, je venais te chercher, pour déjeuner avec moi.
— Comment cela, monsieur Minxit ? s’écrièrent tous les convives à la fois.
— Eh ! parbleu, c’est que Benjamin est libre ; voilà toute l’énigme. Ceci, ajouta-t-il en tirant un papier de sa poche et le remettant à Boutron, c’est la quittance de Bonteint.
— Bravo, monsieur Minxit ! Et tout le monde se levant, le verre à la main, but à la santé de M. Minxit. Machecourt essaya de se lever, mais il retomba sur sa chaise : la joie lui avait fait perdre presque l’usage de ses sens. Benjamin jeta par hasard sur lui un coup d’œil.
— Ah çà ! Machecourt, s’exclama-t-il, est-ce que tu es fou ! Bois à la santé de Minxit, ou je te saigne à l’instant même.
Machecourt se leva machinalement, vida son verre d’un seul trait et se mit à pleurer.
— Mon bon monsieur Minxit, poursuivit Benjamin, que j…