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de ma grand’mère, je ne sais pas ce que c’est qu’un dilemme ! l’épouse d’un chirurgien, ne pas savoir ce que c’est qu’un dilemme ! Continuez, monsieur Rathery, je vous écoute.

— C’est fort inutile, répliqua sèchement ma grand’mère, j’ai décidé que Benjamin serait parrain et il le sera ; il n’y a pas de dilemme au monde qui puisse l’en exempter.

— J’en appelle à Machecourt ! s’écria Benjamin.

— Machecourt t’a condamné d’avance : il est allé ce matin à Corvol inviter Mlle Minxit à être la commère.

— Ainsi donc, s’écria mon oncle, on dispose de moi sans mon consentement, on n’a pas même l’honnêteté de me prévenir ! Me prend-on pour un homme empaillé, pour un gargamelle de pain d’épice ? La belle figure que vont faire mes cinq pieds neuf pouces à côté des cinq pieds trois pouces de Mlle Minxit, qui aura l’air, avec sa taille plate et calibrée, d’un mât de cocagne couronné de rubans ! Savez-vous que l’idée d’aller à l’église côte à côte avec elle me tourmente depuis six mois, et que j’ai failli, en répugnance de cette corvée, renoncer à l’avantage de devenir son mari ?

— Voyez-vous, madame Lalande, dit ma grand’mère, ce Benjamin comme il est facétieux : il aime Mlle Minxit avec passion, et cependant il faut qu’il se raille d’elle.

— Hum ! fit la sage-femme.

Benjamin, qui n’avait pas songé à Mme Lalande, s’aperçut qu’il avait fait un lapsus linguæ ; pour échapper aux reproches de sa sœur, il se hâta de déclarer qu’il consentait à tout ce qu’on voudrait exiger de lui, et détala avant que la sage-femme fût partie.

Le baptême devait avoir lieu le dimanche suivant ; ma grand’mère s’était mise en frais pour cette cérémonie ; elle avait