que vous acceptiez l’invitation de votre sœur ; c’est un devoir de famille dont vous ne pouvez vous exempter.
— Je vois ce que c’est, madame Lalande, dit Benjamin ; quoique je ne sois pas riche, j’ai la réputation de faire bien les choses, et vous aimeriez autant avoir affaire avec moi qu’à Gaspard, n’est-ce pas ?
— Fi donc ! Benjamin, fi donc ! monsieur Rathery, s’exclamèrent ensemble ma grand’mère et Mme Lalande.
— Tenez, ma chère sœur, poursuivit Benjamin, à vous parler franchement, je ne me soucie pas d’être parrain. Je veux bien me conduire avec mon neveu comme si je l’avais tenu sur les fonts de baptême ; j’écouterai avec satisfaction le compliment qu’il m’adressera tous les ans le jour de ma fête, et fût-il de Millot-Rataut, je m’engage à le trouver charmant. Je lui permettrai de m’embrasser le premier jour de chaque année et je lui donnerai pour ses étrennes un polichinelle à ressort ou une paire de culottes, selon que vous l’aimerez mieux. Je serai même flatté que vous le nommiez Benjamin ; mais aller me planter comme un grand imbécile devant les fonts baptismaux, avec un cierge à la main, ma foi non, chère sœur, n’exigez pas cela de moi, ma dignité d’homme s’y oppose ; j’aurais peur que Djhiarcos ne me rît au nez. Et d’ailleurs, comment puis-je affirmer, moi, que ce petit braillard renonce à Satan et à ses œuvres ? Qu’est-ce qui me prouve qu’il renonce aux œuvres de Satan ? Si la responsabilité du parrain n’est qu’une frime, comme le pensent quelques-uns, à quoi bon un parrain, à quoi bon une marraine, à quoi bon deux cautions au lieu d’une, et pourquoi faire endosser ma signature par un autre ? Si au contraire cette responsabilité est sérieuse, pourquoi en encourrais-je les conséquences ? Notre âme étant ce que nous avons de plus précieux, n’est-ce pas être fou que de la mettre en gage pour celle d’un autre ? Et, d’ailleurs, qu’est-ce qui vous presse donc