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— S’il la remarque, tu lui diras que c’est avec cela que tu tailles tes plumes.

— Mais quel est donc son procureur, à ton marchand de bois ?

— C’est Dulciter. Aurais-tu l’inhumanité de me laisser dîner avec Dulciter ?

— Je sais bien que Dulciter n’est pas amusant ; mais s’il sait que j’ai dîné pour lui, il m’attaquera en restitution.

— Je plaiderai pour toi ; allons, viens, je suis sûr que le dîner est servi ; mais à propos, notre amphitryon m’a recommandé d’amener avec moi le premier clerc de Dulciter ; où diable vais-je pêcher un clerc de Dulciter ?

Benjamin se mit à éclater d’un rire fou.

— Oh ! s’écria-t-il en frappant entre ses mains, j’ai ton affaire ! tiens, ajouta-t-il en mettant sa main sur l’épaule de M. Susurrans, voilà ton clerc.

— Fi donc ! dit Page, un épicier !…

— Qu’est-ce que cela fait ?

— Il sent le gruyère.

— Tu n’es pas gourmet, Page ; il sent la chandelle.

— Mais il a soixante ans.

— Nous le présenterons comme le doyen de la basoche.

— Vous êtes des drôles et des polissons ! dit M. Susurrans, en revenant à son caractère impétueux ; je ne suis pas un bandit, moi, un coureur de cabarets.

— Non, interrompit mon oncle, il s’enivre seul dans sa cave.

— C’est possible, monsieur Rathery, mais je ne m’enivre pas