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— Voilà maintenant un tire-bouchon à manche d’ébène et incrusté d’argent ; pour cet objet, ajouta-t-il en le mettant dans sa poche, je le soustrais à mes créanciers, et d’ailleurs j’en ai plus besoin que vous.

— Mais, répliqua M. Bonteint, si vous gardez tout ce dont vous avez plus besoin que moi, je n’aurai pas besoin de charrette pour emporter mon butin.

— Un instant, fit mon oncle, vous ne perdrez rien pour attendre. Tenez, voilà sur cette planche de vieilles fioles à médecine, dont quelques-unes sont fêlées ; je ne vous en garantis pas l’intégrité ; je vous les abandonne avec toutes les araignées qui sont dedans.

» Sur cette autre planche est un grand vautour empaillé ; il ne vous coûtera que la peine de l’aller dénicher, et il pourra très bien vous servir d’enseigne.

— Monsieur Rathery ! fit Bonteint.

— Ceci, c’est la perruque de noce de Machecourt, qui se trouve là je ne sais comment. Je ne vous l’offre pas, parce que je sais que vous ne portez encore qu’un faux toupet.

— Qu’en savez-vous, monsieur Rathery ? s’écria Bonteint de plus en plus irrité.

— Voici dans ce bocal, poursuivit mon oncle avec un sang-froid imperturbable, un ver solitaire que j’ai conservé dans l’esprit de vin. Vous pourrez vous en faire des jarretières à vous, à Mme Bonteint et à vos enfants. Je vous ferai d’ailleurs observer qu’il serait dommage de mutiler ce bel animal ; vous pourrez vous vanter d’avoir chez vous l’être le plus long de la création, sans excepter l’immense serpent boa. Vous le coterez du reste ce que vous voudrez.

— Décidément vous vous moquez de moi, monsieur Rathery, tout cela n’a pas la moindre valeur.