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je n’ai pu obtenir que cela de vous ; vous savez bien pourtant que j’ai contre vous une saisie en bonne forme et que je pourrais faire exécuter de suite.

— Eh bien ! voilà précisément ce dont je me plains, monsieur Bonteint, vous n’avez pas de confiance en vos amis ; pourquoi vous faire des frais inutiles ? ne pouviez-vous venir me trouver et me dire : – Monsieur Rathery, je suis dans l’intention de vous faire saisir ? Je vous aurais répondu : – Saisissez vous-même, monsieur Bonteint, vous n’avez pas besoin d’huissier pour cela, je vais même vous servir de recors, si cela peut vous être agréable ; et d’ailleurs, il en est encore temps, saisissez-moi aujourd’hui, saisissez-moi à l’instant même, ne vous gênez pas, tout ce que j’ai est à votre disposition ; je vous permets d’empaqueter, d’emballer et d’emporter ce qui vous conviendra ici.

— Quoi, monsieur Rathery, vous seriez assez bon…

— Comment donc ! monsieur Bonteint, mais enchanté d’être saisi par vos mains ; je vais même vous aider à me saisir.

Mon oncle ouvrit alors une vieille masure de commode, à laquelle pendaient encore à un clou quelques loques de cuivre doré, et tirant deux ou trois vieux rubans de queue d’un tiroir :

— Tenez, dit-il à M. Bonteint en les lui présentant, vous ne perdrez pas tout ; ces objets ne compteront pas dans le total, je vous les donne par-dessus le marché.

— Ouais ! répondit Monsieur Bonteint.

— Ce portefeuille en maroquin rouge que vous voyez, c’est ma trousse.

Comme M. Bonteint allait mettre la main dessus :

— Tout beau ! dit Benjamin, la loi ne vous permet pas de toucher là. Ce sont les outils de ma profession, et j’ai le droit de les conserver.

— Pourtant… fit M. Bonteint.