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d’impatience, s’évadait de l’école pour aller se faire tuer avec les vétérans à la butte Montmartre et à la butte Chaumont ! Ceux qui ont survécu de cette héroïque jeunesse, Guinard, Thomas, Tillier, combattaient encore l’ennemi en 1830, et plusieurs le combattent encore aujourd’hui !

Cependant Tillier, ses classes finies, sort du collège de Bourges en 1819. Il entre maître d’études au collège de Soissons d’abord, puis chez un chef d’institution à Paris. De maître d’études il devient soldat, afin de connaître toutes les misères humaines. Compris dans le recrutement de 1821, il est forcé, lui enfant de la liberté, d’aller combattre la liberté en Espagne. Il fait la campagne de 1823 comme sous-officier dans le train d’artillerie, et il a laissé un commencement de journal manuscrit de cette néfaste expédition. Voyez-vous d’ici le Claude Tillier que vous savez déjà un peu, ce cœur généreux, cet esprit indépendant soumis à la compression du régime militaire et contraint de guerroyer au profil de la Sainte-Alliance ! Il faut qu’il agisse contre sa propre pensée et qu’il vive pour ainsi dire à rebours. Voyez-vous cet homme intelligent, ardent, attelé pendant six ans à un charriot du train avec les galons de brigadier ! La société n’en fait pas d’autres. Ainsi va le monde ; la nature lui donne un homme de génie, il en fait un sous-officier.