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— Diable ! tu as bientôt payé tes dettes. Crois-tu donc, quand on a insulté un honnête homme, qu’il suffise de reconnaître qu’on a eu tort, et que tout soit réparé ? Demain, tu rirais bien, avec ta société de hobereaux, du niais qui se serait contenté de cette apparence de satisfaction. Non ! non ! c’est la peine du talion qu’il faut que tu subisses ; le faible de hier est devenu le fort d’aujourd’hui, le ver s’est changé en serpent. Tu n’échapperas pas à ma justice, comme tu échappes à celle du bailli ; il n’est aucune protection qui puisse te défendre contre moi. Je t’ai embrassé, il faut que tu m’embrasses.

— As-tu donc oublié, malheureux, que je suis le marquis de Cambyse ?

— Tu as bien oublié, toi, que j’étais Benjamin Rathery ! L’insulte, c’est comme Dieu, tous les hommes sont égaux devant elle ; il n’y a ni grand insulteur ni petit insulté.

— Laquais, dit le marquis, auquel la colère avait fait oublier le prétendu danger qu’il courait, conduisez cet homme dans la cour et qu’on lui donne cent coups de fouet ; je veux l’entendre crier d’ici.

— Bien, dit mon oncle. Mais dans dix minutes l’opération sera devenue impossible, et dans une heure vous serez mort.

— Eh ! ne puis-je donc envoyer quérir à Varzy un chirurgien par mon coureur ?

— Si votre coureur trouve le chirurgien chez lui, celui-ci arrivera juste pour vous voir mourir et donner ses soins à Mme la marquise.

— Mais il n’est pas possible, dit la marquise, que vous restiez inflexible. N’y a-t-il donc pas plus de plaisir à pardonner qu’à se venger ?