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alors sa conscience se fait, son opinion se forme, son patriotisme commence qui ne finira plus qu’à sa mort. En 1814, à la première restauration, le fils de la révolution, le nourrisson de l’empire qui a tété, comme il le dit lui-même, à la gourde des vivandières, qui s’est réveillé jusqu’alors au bruit des tambours du lycée, se révolte naturellement contre la cloche du collège, répond au cri de vive le roi par le cri de vive L’empereur, se met à la tête d’une insurrection d’écoliers, et proteste tout enfant contre la trahison des hommes. Il déchire la cocarde blanche, et écrit à sa mère une lettre enthousiaste qui, tombée plus tard dans des mains ennemies, tourne contre lui dans la seconde restauration et lui ferme la porte de l’instruction publique. Fidèle représentant de cette forte génération, de cette race virile qui, avant d’avoir connu la vie, savait déjà mourir, qui voulait vaincre avant d’avoir appris à combattre, jeunesse d’élite celle-là, vraiment noble et vaillante, toute à la patrie et à l’honneur, qui était la même partout sous ce glorieux empire, à Paris comme à Bourges, prête et mûre avant l’âge ; qui demandait la bataille comme une récréation, la mort comme un congé ; qui venait dire à Carnot : « Voulez-vous nous permettre d’aller mourir pour la patrie ? » et à qui Carnot était obligé de répondre, réponse digne de la demande : « Pas encore ! » et qui, sublime alors de désobéissance et