— Est-il vrai que vous ayez dit au même marquis que je n’étais pas un homme à voir ?
— Je n’ai pas pu dire cela, mon cher monsieur Minxit ; vous savez combien je vous estime, mon ami.
— J’affirme sur l’honneur qu’il a dit tout cela, dit mon oncle avec le sang-froid glacial d’un juge.
— C’est bien, dit M. Minxit ; alors nous allons régler son compte.
— Fata, dit Benjamin, je vous préviens que M. Minxit veut vous fustiger. Tenez, voilà ma houssine ; pour l’honneur du corps, défendez-vous : un médecin ne peut se laisser rosser comme un âne de dix écus.
— J’ai la loi pour moi, dit Fata ; s’il me frappe, chaque coup qu’il me donnera lui coûtera cher.
— Je sacrifie mille francs, dit M. Minxit, faisant siffler sa cravache ; tiens, Fata fatorum, destin, providence des anciens ! tiens, tiens, tiens, tiens !
Les paysans s’étaient mis sur le seuil de leur porte pour voir fustiger Fata ; car, je le dis à la honte de notre pauvre humanité, rien n’est dramatique comme un homme qu’on maltraite.
— Messieurs, s’écriait Fata, je me mets sous votre protection.
Mais personne ne quitta sa place, car M. Minxit, par la considération dont il jouissait, avait à peu près droit de basse justice dans le village.
— Alors, poursuivit l’infortuné Fata, je vous prends à témoin des violences exercées sur ma personne ; je suis docteur en médecine.
— Attends, dit M. Minxit, je vais frapper plus fort, afin que ceux qui ne voient pas les coups les entendent, et que tu aies