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sur vous, que vos noms passeront à la postérité, qu’ils seront burinés au temple de la gloire, etc., etc., etc., parce que tout cela c’est de cette graine vide et inféconde qu’on jette aux niais ; mais voici ce qu’il en est :

» Dans toutes les guerres, les soldats combattent au profit du souverain ; ils n’ont pas même, la plupart du temps, l’avantage de savoir pourquoi ils meurent ; mais vous, c’est dans votre intérêt, c’est dans l’intérêt de vos femmes et de vos enfants – ceux qui en ont – que vous allez combattre. M. Benjamin, que vous avez tous l’honneur de connaître, doit devenir mon gendre. En cette qualité, il régnera avec moi sur vous, et quand je ne serai plus, c’est lui qui sera votre maître ; il vous saura une obligation infinie des dangers que vous allez courir pour lui, et il vous en récompensera généreusement.

» Mais ce n’est pas seulement pour rendre la liberté à mon gendre que vous avez pris les armes : notre expédition aura encore pour résultat de délivrer le pays d’un tyran qui l’opprime, qui écrase vos blés, qui vous bat quand il vous rencontre et qui est très malhonnête avec vos femmes. Il suffit à un Français d’une bonne raison pour combattre courageusement ; vous, vous en avez deux : donc vous êtes invincibles. Les morts seront enterrés décemment à mes frais et les blessés seront soignés dans ma maison. Vive M. Benjamin Rathery ! mort à Cambyse ! destruction à sa gentilhommière !…

— Bravo ! Monsieur Minxit, dit mon oncle, qui arrivait en vaincu par une porte de derrière. Voilà une harangue bien touchée ; si vous l’eussiez faite en latin, j’aurais cru que vous l’aviez pillée dans Tive-Live.

À la vue de mon oncle, il se fit un hourra universel dans l’armée. M. Minxit commanda en place repos, et conduisit Benjamin dans sa salle à manger. Celui-ci lui rendit compte de son aventure de la manière la plus circonstanciée et avec une fidélité que n’ont