Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quand on fut arrivé dans la cour du château, M. de Cambyse ordonna qu’on fermât la porte. Il fit appeler tous ses gens au son de la cloche ; on apporta deux fauteuils, un pour lui et un pour son intendant et il commença avec cet homme un semblant de délibération sur le sort de mon pauvre oncle. Lui, devant cette parodie de justice, se tenait toujours fier, et même il avait conservé son air dédaigneux et goguenard.

Le brave intendant opina à vingt-cinq coups de fouet et quarante-huit heures de cachot dans le vieux donjon ; mais le marquis était de bonne humeur ; il avait même, à ce qu’il paraît, une pointe de sillery dans la tête.

— As-tu quelque chose à alléguer pour ta défense ? dit-il à Benjamin.

— Viens avec moi, répondit celui-ci, avec ton épée, à trente pas de ton château, et je te ferai connaître mes moyens de défense.

Alors le marquis se leva et dit :

— La justice, après en avoir délibéré, condamne l’individu ici présent à embrasser M. le marquis de Cambyse, seigneur de tous ces environs, ex-lieutenant de mousquetaires, capitaine louvetier du bailliage de Clamecy, etc., etc., dans un endroit que mondit seigneur de Cambyse va lui faire connaître. Et en même temps il défaisait son haut-de-chausses. La valetaille comprit son intention ; elle se mit à applaudir de toutes ses forces et à crier : Vive M. le marquis de Cambyse !

Pour mon pauvre oncle, il rugissait de colère ; il dit plus tard qu’il avait craint d’être frappé d’apoplexie. Deux gardes-chasse le tenaient en joue, et ils avaient reçu ordre du marquis de tirer à son premier signal.

— Une fois, deux fois, dit celui-ci.