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Pardonnons-leur donc à tous deux beaucoup de haine, parce qu’ils ont beaucoup d’amour ; car il faut beaucoup aimer pour haïr comme eux ; car la passion contre le mal n’est que la passion pour le bien. Les bonnes rages de Byron, les haines vigoureuses de Molière ne sont que le revers, que le creux, si je puis parler ainsi, d’une véritable tendresse, d’un véritable amour ; et Jésus, la douceur même, s’armait du fouet contre les marchands. Ainsi donc, on peut être bon et pamphlétaire ; bien plus, il faut être bon pour être pamphlétaire ; et Claude Tillier, malgré son titre, quoiqu’on dise, a été mieux qu’un grand homme : il a été un bon homme ; il l’a été comme La Fontaine… j’en suis sûr des deux, quoique je ne les aie pas plus vus l’un que l’autre, parce que je les ai lus, parce que je les connais ainsi à fond par eux-mêmes ; oui, monsieur, je les connais tous deux, en dépit de l’inimitié de ceux-ci et de l’amitié de ceux-là ; je les connais, passez-moi le mot, comme si je les avais faits ; et tous les témoins du monde viendraient m’affirmer le contraire, que je tiendrais, encore et quand même, tous les témoins du monde pour trompeurs ou trompés.

La vie d’ailleurs de Claude Tillier, telle que le biographe la donne, est parfaitement conforme à ses écrits. L’homme se rapporte à l’auteur. Il est ensemble, comme dit encore l’énergique langue des peintres.