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— Ce n’est pas mon avis, confrère, répondit celui-ci. Si vous voulez venir chez moi, je vous montrerai un enfant à quatre têtes que j’ai serré dans un bocal. M. Minxit m’en offre trois cents francs.

— Vous feriez bien de lui céder, dit mon oncle, et de mettre du cassis à la place.

Cependant, comme il avait de bonnes jambes et qu’il n’y avait que deux petites lieues de là à Varzy, il se décida à suivre le confrère. Ils quittèrent donc, Fata et lui, le gros des chasseurs, et s’enfoncèrent dans un chemin de traverse qui s’égarait dans la prairie. Bientôt ils se trouvèrent vis-à-vis Saint-Pierre du Mont. Or, Saint-Pierre du Mont est un gros monticule situé sur la route de Clamecy à Varzy. Il est à sa base revêtu de prairies et tout ruisselant de sources, mais ras et nu à son sommet. Vous diriez une grande motte de terre soulevée dans la plaine par une taupe gigantesque. Sur son crâne pelé et teigneux était alors un reste de château féodal, aujourd’hui remplacé par une élégante maison de campagne, qu’habite un engraisseur de bestiaux ; car c’est ainsi, que, par un travail insensible, les œuvres de l’homme comme de la nature se décomposent et se recomposent.

Les murs du castel étaient démantelés, ses créneaux édentés en maints endroits ; les tours semblaient avoir été cassées par le milieu, et elles étaient réduites à l’état de tronçons ; ses fossés, taris à moitié, étaient encombrés par de grandes herbes et par une forêt de roseaux, et son pont-levis avait fait place à un pont de pierre ; l’ombre sinistre de ce vieux débris de la féodalité attristait tous les environs ; les chaumières avaient reculé devant lui ; les unes étaient allées sur le coteau voisin former le village de Flez, les autres étaient descendues dans la vallée, et s’étaient groupées en hameau le long de la route.

Le maître de cette vieille gentilhommière était alors un certain