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VIII

Comment mon oncle embrassa un marquis

Le samedi suivant, mon oncle alla coucher à Corvol.

On partit le lendemain au lever du soleil. M. Minxit était accompagné de tous ses gens et de plusieurs amis, dont le confrère Fata faisait partie. C’était par un de ces jours splendides que le sombre hiver, semblable à un geôlier qui sourit, donne de temps en temps à la terre : février semblait avoir emprunté au mois d’avril son soleil ; le ciel était limpide, et le vent du midi emplissait l’atmosphère d’une molle tiédeur ; la rivière fumait au loin entre les saules ; la gelée blanche du matin pendait en gouttelettes aux branches des buissons ; les petits pâtres chantaient pour la première fois de l’année dans les prés, et les ruisselets qui descendent de la montagne du Flez, réveillés par la chaleur du soleil, gazouillaient au pied des haies.

— Monsieur Fata, dit mon oncle, voilà une belle journée. Est-ce que nous passerons entre les rameaux mouillés des bois ?