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ne soit pas superstitieux, c’est celui qui ne croit qu’à ce qui lui est démontré.

Il était nuit et même plus que nuit, quand ma grand’mère déclara qu’elle voulait partir.

— Je ne laisserai partir Benjamin qu’à une condition, dit M. Minxit, c’est qu’il me promettra d’assister dimanche à une grande partie de chasse que je décrète en son honneur ; il faut bien qu’il fasse connaissance avec ses bois et les lièvres qui sont dedans.

— Mais, dit mon oncle, c’est que je ne sais pas les premiers éléments de la chasse. Je distinguerais très bien un civet ou un râble de lièvre d’une gibelotte de lapin, mais que Millot-Rataut me chante son grand noël si je suis capable de distinguer un lièvre qui court d’un lapin courant.

— Tant pis pour toi, mon ami ; mais c’est une raison de plus pour que tu viennes ; il faut bien connaître un peu de tout.

— Vous verrez, monsieur Minxit, que je ferai un malheur : je tuerai un de vos instruments de musique.

— Fichtre ! ne t’avise pas de cela, au moins ; il faudrait que je le payasse plus cher qu’il ne vaut à sa famille désolée. Mais, pour éviter tout accident, tu chasseras avec ton épée.

— Eh bien ! je promets, dit mon oncle.

Et là-dessus il prit congé, avec sa chère sœur, de M. Minxit.

— Savez-vous, dit Benjamin à ma grand’mère, quand ils furent sur le chemin, que j’aimerais mieux épouser M. Minxit que sa fille ?

— Il ne faut vouloir que ce qu’on peut, et tout ce qu’on peut il faut le vouloir, répondit sèchement ma grand’mère.

— Mais !…