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par les confiscations des rois, revenait toujours, comme un liège qui, du fond de l’eau, remonte à sa surface, à une situation prospère. Son opulence repoussait d’elle-même.

» Le Juif-Errant ne peut dépenser que cinq sous à la fois. Le peuple juif, obligé de dissimuler ses richesses, est devenu chiche et parcimonieux ; il dépense peu.

» Le supplice du Juif-Errant durera toujours.

» Le peuple juif ne peut pas plus se réunir en corps de nation que les cendres d’un chêne frappé par la foudre ne peuvent se réunir en arbre. Il est dispersé jusqu’à la consommation des siècles à la surface de la terre.

» À sérieusement parler, c’est sans doute une superstition de croire au Juif-Errant ; mais je vous dirai ce qui est dit dans l’Évangile : que celui qui est exempt de toute superstition jette aux habitants de Moulot le premier sarcasme. Le fait est que nous sommes tous superstitieux, les uns plus, les autres moins, et souvent celui qui a une loupe sur l’oreille grosse comme une pomme de terre, se gausse de celui qui a un poireau au menton.

» Il n’y a pas deux chrétiens qui aient les mêmes croyances, qui admettent et rejettent les mêmes choses. L’un fait maigre le vendredi et ne va pas aux offices ; l’autre va aux offices et met le pot au feu le vendredi. Cette dame se moque du vendredi comme du dimanche, et se croirait damnée si elle n’était pas mariée à l’église.

» Soit la religion une bête à sept cornes. Celui qui ne croit qu’à six des cornes se moque de celui qui croit à la septième ; celui qui ne lui accorde que cinq cornes se moque de celui qui en reconnaît six. Le déiste survient qui se moque de tous ceux qui croient que la religion a des cornes, et enfin passe l’athée qui se moque de tous les autres, et pourtant l’athée croit à Cagliostro et se fait tirer les cartes. En définitive, il n’y a qu’un homme qui