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moins, à vivre en exil ou à mourir au bûcher. Aujourd’hui, c’est un peu différent : pamphlétaire et journaliste ne sont qu’un. Qu’est-ce que les journaux d’à-présent, si ce n’est des pamphlets ? pamphlets du matin et du soir, hebdomadaires et quotidiens, pamphlets grands et petits, de tous les formats et de tous les prix, de tous les goûts et de toutes les couleurs, pamphlets établis, à cautionnement, à subvention et en boutique, qui, devenus souverains par la grâce de deux révolutions, ont changé de nom plus que de fait, s’appellent maintenant journaux gros comme le bras, et vivent avec tous les honneurs dûs à ce titre nouveau et à leur patente de cent mille francs. Le journal, c’est le pamphlet répété, faisant feu périodiquement, à heure fixe, dans une bonne forteresse, au lieu de tirailler de temps en temps derrière une haie. Il faut donc voir la chose abstraction faite des mots.

Or, tant que le mal régira notre triste terre, l’intelligence aura mission de le combattre et de le détruire ; l’homme de paix et de bonne volonté aura à se manifester par l’attaque et la lutte ; qu’importe alors le nom de l’arme ? Admettre le journaliste, c’est admettre le pamphlétaire, deux créatures humaines, en vérité. Tous deux également font œuvre de violence et d’outrance ; mais leur animosité, leur virulence ne sont au fond que mansuétude et charité.