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VI

M. Minxit.


Monsieur Minxit accueillit très bien mon oncle et ma grand’mère. M. Minxit était médecin, je ne sais pourquoi. Il n’avait pas, lui, passé sa jeunesse dans la société des cadavres. La médecine lui était poussée un beau jour dans la tête comme un champignon : s’il savait la médecine, c’est qu’il l’avait inventée. Ses parents n’avaient jamais songé à lui faire faire ses humanités ; il ne savait que le latin de ses bocaux, et encore, s’il s’en fût rapporté à l’étiquette, il aurait souvent donné du persil pour de la ciguë. Il avait une très belle bibliothèque, mais il ne mettait jamais le nez dans ses livres. Il disait que depuis que ses bouquins avaient été écrits, le tempérament de l’homme avait changé. Aucuns même prétendaient que tous ces précieux ouvrages n’étaient que les apparences de livres figurés avec du carton, sur le dos desquels il avait fait graver, en lettres d’or, des noms célèbres dans la médecine. Ce qui les confirmait dans cette opinion, c’est que toutes les fois qu’on deman-