Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Dans trois mois, votre caniche, s’il se conduit bien, pourra gagner trente sous par jour.

— Le sergent fera sur toi son apprentissage, Machecourt ; tu as de vieux chicots tout délabrés qui te tourmentent, nous t’en arracherons un tous les deux jours de peur de te fatiguer, et quand nous aurons fini pour les chicots, nous t’arracherons les gencives.

— Et moi, je mettrai mon garnisaire au service de tes créanciers, mauvais payeur ! Je vais t’instruire d’avance des devoirs que tu auras à remplir envers lui. Tu lui dois le matin du pain et du fromage, ou, dans la saison, une botte de petites raves ; à dîner, la soupe et le bouilli, et à souper, un rôti et une salade ; la salade peut se remplacer par un petit verre. Tu auras soin qu’il ne dépérisse pas entre tes mains, car rien ne fait honneur à un débiteur comme un garnisaire bien gras. De son côté, il doit se conduire honnêtement envers toi ; il n’a pas le droit de te troubler dans tes occupations, de jouer, par exemple, de la clarinette, ou de sonner du cor de chasse.

— En attendant, j’offre un gîte au sergent à la maison ; tu ne me désapprouveras pas, n’est-ce pas, Machecourt ?

— Pas précisément, mais j’ai grand peur que ta chère sœur ne te désavoue.

— Ah çà, messieurs, dit le sergent, entendons-nous ; ne m’exposez pas à recevoir un affront ; car, je vous en préviens, il faudrait que l’un ou l’autre m’en fît compte.

— Soyez tranquille, sergent, dit mon oncle ; et si le cas échéait, ce serait à moi que vous vous adresseriez ! car, pour Machecourt, il ne sait se battre que quand son adversaire lui cède la lame de son épée et garde le fourreau.

Tout en philosophant ainsi, ils arrivèrent à la porte de la maison. Mon grand-père ne se souciait pas d’entrer le premier, et mon oncle