Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la mémoire de Claude Tillier ; et d’abord, la difficulté, le danger même, ne m’arrêteront jamais devant un devoir. Puis, la fidèle biographie qu’a publiée M. Parent (de Clamecy), m’aidera au besoin dans la tâche ; je prendrai dans cet excellent travail tout ce qui manquerait au mien. Enfin, comme l’a dit Buffon, le style, c’est l’homme : et comme Cuvier avec un os refaisait un corps, ou peut avec une page refaire l’auteur. Donnez-moi quatre lignes d’un homme, et je le ferai pendre, disait un procureur ; avec quatre lignes d’un auteur on le fera connaître. Lire, c’est voir ; savoir l’œuvre, c’est savoir l’ouvrier. L’auteur est dans le livre, comme Dieu est dans l’homme. Toute création contient le créateur. C’est là une vérité de la Bible, vérité éternelle, que les artistes ont traduite à leur manière par cette phrase expressive sinon correcte : On fait toujours dans sa nature.

En effet, peintre, sculpteur, poète, tout ce qui produit se reflète plus ou moins dans sa production. Chacun fait son œuvre à son image. La force de Michel-Ange se retrouve dans ses types, la grace de Raphaël dans tous les siens ; la beauté, la bonté de Molière empreint tous ses ouvrages. Les enfants de l’esprit, comme les autres, ressemblent à leurs pères. Même dans les œuvres les plus impersonnelles, dans le roman et le drame, où l’auteur, par l’exigence du genre, est obligé de s’effacer le plus possible, de s’en