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SECTION VIII.

voir et ne voir pas ; et c’est précisément l’état où est la nature.

Quelque parti qu’il prenne, je ne l’y laisserai point en repos.

Première Copie 226] 557

Cf. C, 439 ; P. R., XVIII, 7 ; Bos., II, xiii, 4 ; Faug., II, 154 ; Hav., XX, 4 ; Mol., I, 295 ; Mich., 914.

… Il est donc vrai que tout instruit l’homme de sa condition, mais il le faut bien entendre : car il n’est pas vrai que tout découvre Dieu, et il n’est pas vrai que tout cache Dieu. Mais il est vrai tout ensemble qu’il se cache à ceux qui le tentent, et qu’il se découvre à ceux qui le cherchent[1], parce que les hommes sont tout ensemble indignes de Dieu, et capables de Dieu : indignes par leur corruption, capables par leur première nature.

Première Copie 226] 558

Cf. C, 439 ; Faug., II, 155 ; Mol., I, 17 ; Mich., 915.

Que conclurons-nous donc de toutes nos obscurités, sinon notre indignité ?

  1. Il est facile de tirer de cette pensée le sens précis de la distinction que Pascal établit entre tenter Dieu et chercher Dieu. Le tenter, c’est vouloir que Dieu se révèle à nous, en vertu de notre propre mérite, parce que la connaissance nous serait naturellement due ; le chercher, c’est demander à la prière plutôt qu’à la raison la connaissance de Dieu, c’est se faire petit enfant et croire avec humilité. Tenter, c’est réclamer de la justice divine ce que la grâce seule peut donner à ceux qui cherchent. Cf. Nicole : « Des diverses manières dont on tente Dieu. » (Essais de morale, t. III, p. 189).