en soutane et le bonnet en tête, sans une[1] opinion[2] avantageuse de sa suffisance[3].
L’imagination[4] dispose de tout ; elle fait la beauté, la justice[5], et le bonheur, qui est le tout du monde. Je voudrais de bon cœur voir le livre italien, dont je ne connais que le titre[6], qui vaut lui seul bien des livres : Dell’ opinione regina del mondo[7]. J’y souscris sans le connaître, sauf le mal, s’il y en a.
Voilà à peu près[8] les effets de cette faculté trompeuse qui semble nous être donnée exprès pour nous induire à une erreur nécessaire. Nous en avons bien d’autres principes. Les impressions anciennes ne sont pas seules capables de nous abuser[9] : les charmes de la nouveauté ont le même pouvoir[10]. De là viennent toutes les disputes des hommes[11], qui se
- ↑ [Prévention.]
- ↑ De [science.]
- ↑ Suffisance avait au xviie siècle un sens favorable qu’il n’a plus aujourd’hui. Cf. Mol. : Mariage forcé, 6 : « Homme de suffisance, homme de capacité. »
- ↑ [Fait] — La Copie corrige, (comme écrit l’édition de 1670) : l’opinion, afin de mieux préparer le titre du livre italien. Le rapprochement de l’imagination et de l’opinion semble d’ailleurs inspiré à Pascal par Charron : De la sagesse, I, xvi.
- ↑ [Le bien.]
- ↑ Qui… livres surcharge.
- ↑ On ne sait à quel ouvrage Pascal fait allusion : on a seulement signalé un traité de Carlo Flosi qui a un titre à peu près semblable ; mais la date, sinon de l’ouvrage, du moins des exemplaires connus, est de presque trente ans postérieure à la mort de Pascal.
- ↑ [La nature.]
- ↑ [La nouveauté a ses] charmes.
- ↑ Tacite avait dit : omne ignotum pro magnifico. La Bruyère dira de même : « Deux choses toutes contraires nous préviennent également, l’habitude et la nouveauté. » (Des Jugements.)
- ↑ [Les uns reprenant les autres [exposés.]