cousses. Car la raison a été obligée de céder, et[1] la plus sage prend pour ses principes ceux que l’imagination des hommes a témérairement introduits en chaque lieu.
[Qui voudrait ne suivre que la raison serait fou au jugement du commun des hommes[2]. Il faut juger au jugement de la plus grande partie[3] du monde. Il faut, puisqu’il lui a plu, travailler tout le jour et se fatiguer, pour des biens[4] reconnus pour imaginaires, et quand[5] le sommeil nous a délassés des fatigues de notre raison, il faut incontinent se lever en sursaut pour aller courir après les fumées et[6] essuyer les impressions de cette maîtresse du monde. — Voilà un des principes d’erreur, mais ce n’est pas le seul. L’homme a eu bien raison d’allier du vrai au faux, quoique dans cette paix l’imagination ait bien amplement l’avantage ; car dans la guerre elle l’a bien plus : jamais la raison ne surmonte[7] l’imagination alors que l’imagination démonte souvent tout à fait la raison de son siège.]
[8]Nos magistrats ont bien connu[9] ce mystère[10].
- ↑ [Prend pour les principes.]
- ↑ Cf. fr. 414 : « Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n’être pas fou. »
- ↑ [Des hommes.]
- ↑ [Imaginaires [Quoiqu’imaginaires.]
- ↑ [La raison [la nature] nous a délassés des [impressions] de notre [imagination et mis dans un calme admirable.]
- ↑ [Suivre.]
- ↑ [Jamais [tout.]
- ↑ A la paye 369 du manuscrit.
- ↑ [Cela.]
- ↑ Pour l’emploi remarquable de ce mot, cf. La Rochefoucauld : « La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit. » (Max., 257).