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facile » que leur donne M. de Ribeyran ; s’ils ne poussent pas l’imprudence jusqu’à prétendre « que la brièveté de ces fragments est plus lumineuse que n’aurait été le discours entier et étendu », ils sentent qu’elle est plus émouvante et plus pathétique ; elle a moins de force doctrinale, mais elle leur parle de plus près, elle leur révèle plus directement, selon l’expression de Vinet, Pascal non l’auteur, mais l’homme. Il est là, dans sa chambre et voici les feuilles volantes, qui sont couvertes d’écriture dans tous les sens, avec des signes de renvois, des phrases barrées, des scrupules et des retours sans fin ; voilà les courtes lignes qu’il a tracées ou dictées, en attendant une heure de loisir, une heure de trêve à ses perpétuelles douleurs. Voici enfin ses livres : la Vulgate, saint Augustin, Jansénius, Saint-Cyran et les écrits de ces Messieurs, puis Charron, Grotius, et Montaigne : le Montaigne in-8° de 1636 où sont ses références, le Montaigne in-f° de 1635, où il a marqué un rond à la page 184

Il y a lieu d’insister sur les lectures de Pascal. Il est de tradition de répéter que Pascal avait peu lu. Du moins Pascal n’a-t-il jamais dédaigné la science qui s’acquiert par les livres. Au rebours d’un Descartes ou d’un Malebranche, il n’attend pas la vérité d’une déduction que l’homme serait capable d’engendrer par le seul effort de sa réflexion. La théologie, écrit-il à la suite de Jansénius dans le fragment du Traité du vide, recherche seulement de savoir ce que les auteurs ont écrit ; or ce qui est écrit c’est l’histoire de l’humanité, c’est le fait du péché, le fait de la rédemption qui contiennent le secret de sa destinée. Aussi, sans se piquer d’érudition, Pascal veut-il tirer parti de toutes les ressources que lui offrent l’érudition. Dans la Préface qu’il aurait mise en tète de chacune des parties de l’Apologie (fr. 62 et 242), il devait « parler de ceux