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ne touche encore qu’à la forme de la vérité ; il aboutit à cet état que Pascal a décrit dans une pensée qu’il avait intitulée Ordre, comme pour se rappeler à lui-même la limite d’un chapitre : « J’aurais bien plus de peur de me tromper, et de trouver que la religion chrétienne soit vraie, que non pas de me tromper en la croyant vraie » (fr. 241). Le second touche au fond même de cette vérité, il ne se contente plus de la faire désirer, il la prouve. Entre ces deux moments se placeraient les fragments, si importants dans l’œuvre de Pascal, qui déterminent les rapports entre la volonté de croire et la valeur de la croyance, entre le cœur et la raison ; « il y a trois moyens de croire : la raison, la coutume, l’inspiration » (fr. 245).

Ainsi se trouvent déterminées la substance et la liaison des sections auxquelles on peut donner des titres tels que ceux-ci : Misère de l’homme sans Dieu — Nécessité du pari — des Moyens de croire — les Philosophes — la Morale et la doctrine chrétienne.

Une série de fragments relatifs à l’homme n’a pas trouvé place dans ce classement ; ce sont ceux qui ont une portée sociale, pour lesquels Pascal songeait au titre : les Lois (fr. 73) et qui, à un autre moment devaient être réunis dans une lettre que Pascal appelait la lettre de l’Injustice (fr. 291). Ils sont distincts de l’étude psychologique de l’homme en lui-même, et d’autre part ils ne paraissent pas se rapporter directement à la discussion des systèmes philosophiques. Un indice cependant permet de résoudre la difficulté. L’enchaînement des fragments sur l’injustice se trouve expliqué par Pascal dans la pensée 337, dont nous donnons ici le cadre : « Gradation. Le peuple honore les personnes de grande naissance… Les demi-habiles… Les habiles… Les dévots… Les chrétiens parfaits… Ainsi se vont les opinions succédant du pour