Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

D’abord à le suivre dans le détail, le plan se dérobe à travers une série de complications, qui expliquent les embarras et les divergences de ceux qui ont cru pouvoir s’y fier. De plus il a été écrit au moins huit ans après la conférence de Pascal, et sans autre document que les cahiers de Pascal auxquels Filleau de la Chaise s’est manifestement référé. Or à supposer que la mémoire de l’auditeur ait conservé fidèlement chacun des détails de la conférence, il ne s’ensuit pas qu’il en ait retenu l’ordre avec la dernière exactitude. Surtout cette conférence même précède de plus de quatre années la mort de Pascal, de sorte que nous y aurions un état du plan de Pascal qui ne s’applique pas nécessairement aux fragments écrits de 1658 à 1662. L’autorité du plan diminue d’autant qu’on suppose plus de flexibilité et d’extension dans le génie même de Pascal. Cette conclusion est confirmée par la comparaison du plan rapporté par Filleau de la Chaise avec le témoignage de Mme Périer, consigné dans des pages qui avaient appartenu à la vie de Blaise Pascal et que le docteur Besoigne nous a conservées dans sa précieuse Histoire de l’abbaye de Port-Royal (et peut-être ne les a-t-on retranchées de la biographie imprimée que parce qu’elles faisaient double emploi avec le Discours de Filleau de la Chaise — en le contredisant). Nous reproduisons ces pages dans nos Pièces Justificatives ; ce qui nous dispense de tenter un parallèle entre deux documents qui ne se prêtent sur aucun point à un rapprochement. Il suffit de les lire l’un à la suite de l’autre, pour que le contraste éclate. Dira-t-on, pour employer une expression familière à Pascal, qu’il faut discerner les temps ? Ce discernement est bien difficile : on serait tenté de conclure que les réflexions sur le miracle sont surtout de 1656 et contemporaines de l’événement ; on se tromperait pourtant.