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jansénistes appartiennent à l’autre[1]. » À M. Didiot, doyen de la Faculté de théologie de Lille, il suffit de quelques mots : Pascal se trompe…, Erreur historique manifeste…, Sophisme absurde ; et il écrit dans sa préface : « Ainsi ce n’est pas seulement une nouvelle édition que nous avons voulu faire ; c’est une nouvelle réfutation, sans phrases, des erreurs qui déparent l’un des plus beaux essais de la raison humaine et de l’apologétique chrétienne[2]. » — M. Guthlin et M. Margival, qui aiment Pascal, mani festent une tendance contraire ; ils essaient de rompre le lien qui rattache les Pensées au mouvement janséniste. Dans l’Essai sur l’Apologétique de Pascal, qui est en tête de son édition posthume, M. Guthlin fait un subtil et bien touchant effort pour décharger Pascal du crime d’avoir été corrompu par la doctrine ou même par l’esprit du jansénisme : « Cet esprit n’a pu altérer la doctrine des Pensées ; mais n’a-t-il pas donné à leur expression quelque chose d’excessif et un remarquable manque de mesure[3] ? » De même M. Margival, auteur d’un pénétrant et substantiel

  1. P. 277. Cf. p. 41 : « Si l’on n’est pas catholique, on ne peut pas être chrétien et Pascal n’est pas mort catholique » (note à la Vie de Blaise Pascal).
  2. P. 11. Gf. p. vi. « Il nous aurait été particulièrement désagréable de renvoyer fréquemment aux Essais de Montaigne, si peu chrétiens, si peu moraux, si justement censurés par l’Eglise. Nous ne les avons donc allégués que fort rarement, et lorsqu’il y avait un sérieux intérêt à en signaler la néfaste influence sur l’auteur des Pensées. » Faute de s’être reporté aux Essais de Montaigne, M. Didiot n’a pas com pris la phrase de Pascal : « Les sauvages n’ont que faire de la Provence » (Cf. fr. 98) ; et il écrit en note : « Je ne puis me persuader qu’il n’y ait pas là une faute d’écriture. Pascal a voulu dire Providence. Les sauvages, en effet, ne croient pas avoir besoin de Providence, ni de prévoyance, parce qu’ils sont généralement fatalistes. » (P. 93.)
  3. P. clviii.