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également les notes inachevées, les lignes d’apparence incohérente qui étaient destinées à l’Apologie et aux Provinciales, les citations copiées par Pascal, les conseils sur l’ordre qu’il se donnait à lui-même. Il lit même fond sur ces dernières pensées pour retrouver la suite et le cadre des fragments destinés à l’Apologie, qu’il publie dans son second volume, quitte à suivre l’exemple de Frantin et à grouper dans une série d’articles du premier volume tous les fragments de diverses sortes qu’il n’avait pas fait entrer dans son plan[1]. Enfin il ne négligeait aucune des sources auxiliaires qui pouvaient accroître notre connaissance des écrits de Pascal.

Le service rendu par Faugère au texte des Pensées est incomparable : il dépasse à peine celui dont nous sommes redevables à Ernest Havet. Le commentaire de l’édition qui parut en i852 est un monument. C’est une exégèse littéraire des Pensées, d’un goût et d’une érudition qui en ont fait un modèle pour les éditeurs non de Pascal seulement, mais de tous les grands écrivains ; avec un tel guide l’étude de Pascal, comme l’étude de Port-Royal avec Sainte-Beuve, est un centre d’où s’éclaire le xviie siècle tout entier. — Sur un point pourtant, à cinquante ans de distance, la perspective a changé : on est tenté de regretter que Havet, critique si clairvoyant des Remarques de Voltaire, se soit laissé entraîner par sa passion de la vérité jusqu’à se faire le juge et trop sou vent le contradicteur de Pascal ; il est à craindre que la discussion ne se brise à travers la multitude des fragments, et que la signification ne finisse par s’en altérer, surtout dans le cadre artificiel que Havet emprunte à l’abbé Bossut.

  1. Voir ce plan aux Pièces justificatives, p. cccviii.